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Nos Ancètres à la Bataille de Grandason (2 mars 1476)
Article mis en ligne le 18 juin 2023

par jpbielmann

Les guerres de Bourgogne sont trop complexes pour être expliquées ici. J’invite les personnes intéressées à consulter les ouvrages donnés en note. Néanmoins pour comprendre l’implication des Treyvalsiens dans la bataille de Grandson, il convient de fournir quelques données.

Contrairement à l’affirmation de l’historiographie française, la volonté de Louis XI n’est pas déterminante pour l’entrée des Suisses dans le conflit. En effet, celle-ci résulte principalement d’un contexte géopolitique local. Depuis les origines de la Confédération, l’Autriche est l’ennemi mortel. Or en mai 1469, Sigismund d’Autriche signe le traité de Saint-Omer avec le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Les Suisses sont littéralement pris en tenaille entre la Bourgogne et son alliée la Savoie d’un coté et le domaine des Habsbourg de l’autre. Désormais leur principal souci sera de desserrer l’étau.

Sous la conduite de l’Avoyer de Berne, Nicolas de Diesbach, les Suisses parviennent dans un premier temps à négocier la paix dite de Constance avec l’Autriche (1474), dans un deuxième temps à obtenir un important soutien financier du roi de France. Enfin dans une troisième phase, ils attaquent les alliés du Grand Duc d’Occident.

C’est dans ce cadre que le tumulte des armes arrive dans les environs de Treyvaux : Arconciel.

I - Les Treyvalsiens dans la tourmente.

a.La seigneurie d’Arconciel :

Depuis le Haut Moyen Age, Treyvaux appartient à la seigneurie d’Arconciel-Illens. La commune suit la destinée de la principauté et elle finit donc par échoir à Guillaume de la Beaume, Chambellan de Charles le Téméraire, chevalier de la Toison d’Or et gouverneur de la Bresse pour le Duc de Savoie selon les règles de l’héritage. En 1474, le seigneur de Treyvaux prend naturellement le parti de ses maîtres. Si Arconciel est ruinée et dépourvue d’habitants, il en va tout autrement d’Illens. Le sire de la Beaume a entrepris la restauration de la forteresse. Sur le flanc sud de Fribourg, elle constitue une menace sérieuse que les Fribourgeois et leurs alliés Bernois s’empressent de détruire le 4 janvier 1475. Faute de temps, les travaux étaient inachevés et un seul et vigoureux assaut suffit à enlever la position.

Treyvaux devient la propriété commune des vainqueurs. Ce n’est qu’au Congrès de Fribourg de 1484 que la commune et la principauté d’Arconciel sont définitivement octroyées à Fribourg. Mais dés 1475, les hommes libres de la paroisse sont intégrés aux troupes confédérales. A ce titre, des Treyvalsiens interviennent à Grandson.

b- La bataille de Grandson.

1. D’Arconciel à Grandson.

En avril 1475, les confédérés s’emparent de la ville et du château de Grandson, propriété de Hugues de Chalons-Orange, vassal de Charles le Téméraire. Le 14 Octobre 1475, les Suisses déclarent la guerre à Jacques de Savoie, comte de Romont. Les chatellenies et seigneuries de pays de Vaux sont conquises. Les villes sont enlevées et les populations massacrées : Estavayer Yverdon, Romont. Lausanne et Genève ne doivent leur salut qu’en payant de lourds tribus et en fournissant des otages. Le 26 novembre 1475, une conférence réunit les belligérants à Neuchâtel. C’est un échec. Les négociations sont rompues le 26 décembre 1475. Le grand Duc d’Occident prépare la grande offensive dans Nancy. La guerre Burgondo-Helvetique commence. De Nancy (11 janvier 1476) avec Charles le Téméraire, des bords du lac de Genève avec Pierre de Liguana et de Turin (19 février 1476) avec la Duchesse de Savoie, les troupes fidèles à la Bourgogne convergent vers Grandson. Au passage, Romont (11 février 1476) et Yverdon (12-13 février 1476) sont reconquises. Pour finir, le duc met le siège devant Grandson (19 février 1476), prend la ville (21 février 1476), saisit la citadelle et en massacre la garnison le 28 février 1476.

En riposte à ces attaques, les Suisses convoquent le ban et arrière ban à Neuchâtel le 23 février 1476.

2. La bataille de Grandson.

Le 2 mars 1476, "un curieux mélange de bêtes et de paysans enfoncés dans leur purin", soit une armée d’environ 20 000 hommes rassemblant les confédérés et leurs alliés de Bâles et de Strasbourg s’ébranle de Neuchâtel et avance vers Grandson en longeant le lac. En face les bourguignons et leurs fidèles alignent jusqu’à 60 000 hommes accompagnés de la plus puissante artillerie d’Occident.

Le choc a bien lieu à quelques 1 500 mètres à l’intérieur des terres. Les bourguignons ne parviennent pas à rompre les rangs des suisses. "Le taureau aux milles cornes" composé d’hommes formés en phalange et équipés de la fameuse "pique suisse" en hêtres et longues de six mètres résiste à tous les assauts et à l’artillerie. Devant cette situation, le Téméraire décide un mouvement pivotant des ailes droite et gauche de son armée pour prendre les Helvétes à revers. Il décide également d’un repli tactique de son centre pour faire avancer le hérisson suisse. Cette manœuvre entraîne un malentendu grotesque et tragique pour l’armée bourguignonne. Le repli voulu est pris pour une fuite par les troupes qui montent en ligne. C’est la débandade générale amplifiée par les trompes d’Uri et de Lucerne. Le Grand Duc d’Occident perd la bataille alors que les deux tiers de ses soldats n’ont pas combattu.

3. Les trésors du Téméraire

En campagne, le Grand Duc d’Occident traîne avec son armée tout ce qu’il possède en biens meubles. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force destinée à affoler ses ennemis. Dans les chariots, il y a des centaines de tentes d’apparat, de reliques, de pièces d’argenterie, de joyaux et de costumes précieux. Le prince est entouré par des dizaines de serviteurs. Ce n’est pas une troupe en marche, c’est une ville en déplacement qui est perçue comme une véritable invasion par les populations locales. Les historiens évaluent ces richesses à "plusieurs centaines de millions de marks actuels”. La bataille de Grandson permet aux Suisses de mettre la main sur ces fabuleuses richesses. En effet, Charles le Téméraire fuyant Grandson, leur abandonne son camp.

Les chefs des vainqueurs sont incapables d’organiser la répartition du butin qui disparaît dans les poches des pillards et qui transforme la Suisse en un "vaste marché noir". Des treyvalsiens participent à cette joyeuse pagaille.

II. Nos ancètres et les trésors du Téméraire.

a. Un document exceptionnel.

Malgré les pillages, les autorités Helvétiques de l’époque et notamment les Fribourgeois ont réussi à dresser un inventaire du butin fait à Grandson par chaque homme. Certes, de nombreuses richesses ont échappé à un quelconque recensement. Mais l’importance du document tient moins dans la qualité du butin cité que dans la mention par commune des noms des individus ayant puisé dans les coffres du Téméraire.
Inventaire du butin fait par les Fribourgeois à Grandson.
(Extrait de : Archives de la Société d’Histoire du Canton de Fribourg, tome V, pages 304-305)

TREVAUL
Jehan BURGUY et Cristin ULLY, die (demi) una roba noyre et ung mantel et i sallarda.
Francey FONTANA, i quartier de ladite roba et i chaucy.
Peter DE-LA-SAUGE et Girard DE-LAIDEFFURS, i gorgerin, i grand gardabray, i huckton, i par destival, die aulne de drap blanc, i quartie de drap pers (bleu), item ii sols viii deniers.
Jehan BRODA junior, i roba pro qua debet i tesierez et i degnere xxv sols.
Mermet PAPOU et Peter BERGO, i garda de brey, item i robeta blanche, die i roba persa, i hocketon pers, ii linceulx et i couverta.
Solvit, et debet BERGO v groz minus quart et i pela.
Jehan RICHARD reddit por ii pater ii sols viii deniers, item per i coverta xiii groz, item et le fil CASTELLA reddit i foudar (tablier) de malliez, di roba de feuna (femme), die roba
dhome forre de penna, i paytie.
Jehan DUPLAN, i quartier de roba nove et i aultre vielle quartier et debet i isin hut.
Guillaume DUPLAN, i morsel de fusteno, i platel et por i quartier de roba xii sols vi deniers.
Marmet SARRO, i brigandines, i pillie de femme, i quartier de roba.
Jehan YORAND, i cotta sans mangez et debet apporter i mangez.
Pierro RENTZO, i quartier de forrure de roba et ii quarteir de roba de draps, i braveta.

b. Méthode :

Dans la présente étude, il s’agit d’établir des ponts généalogiques entre les individus nommés dans le document de 1476 et nos ancêtres figurant dans les premiers actes de naissance, de mariage ou de décès. Afin d’éviter les errements stériles dans la masse des registres notariaux, notre principale source, j’ai décidé de limiter les recherches aux seules filiations agnatiques. Cette démarche délimite sévèrement notre champ d’investigation. En effet, sur les 16 patronymes cités dans l’inventaire de Grandson, seuls 8 peuvent nous intéresser. Ces noms ou leurs dérivés sont mentionnés dans les registres paroissiaux de Treyvaux au XVIIe siècle : BURGUI, FONTANA, ROLLIN, DE-LA-SAUGE, BRODA, DE-LAIDEFFURS, PAPOU et CASTELLA. En fait, l’état actuel de nos recherches rapporte nos possibilités à trois familles : ROLLIN, DE-LAIDEFFURS et PAPOU. Les autres patronymes ne furent, semble-t-il, pas portés par nos ancêtres.

c. Les recherches sur les familles PAPOU et DE-LAIDEFFURS.

D’emblée, je mets à part les ROLLIN ou ROULIN. En effet, la certitude des liens généalogiques m’amène à leur consacrer un chapitre particulier.

DE-LAIDEFFURS

1. Evolution du patronyme :
Dans le courant de XVIIIe siècle, le patronyme, DE-LAIDEFFURS ou DELEDEFRUZ ou encore DELEDEFROZ évolue en DOUSSE. La forme patoise signifiant "du dehors", cède la place à une forme germanique de même signification.

2. Liens Généalogique avec Marie Elisabeth.
1. Marie Elisabeth BIELMANN [05 juin 1874 - 11 mars 1950]
2. Jacques-Joseph BIELMANN de Prilaz [04 avril 1840 - 26 juillet 1914]
4. Jean Baptiste Joseph BIELMANN de Prilaz [15 novembre 1797 - ?]
8. Jean BIELMANN de Prilaz [08 août 1754 - 15 mai 1832]
17. Anne Marie DOUSSE de Pelard [28 mai 1727 - 04 avril 1791] x 1750 Antoine BIELMANN de Prilaz

3. La famille DOUSSE, filiations
Malheureusement, les recherches menées jusqu’ici ne permettent pas d’aller au delà du deuxième tiers du XVIIe siècle. En effet, le plus vieil ancêtre connu d’Anne Marie DOUSSE (n°17) intervient pour a première fois le 8 mars 1636 dans l’acte de naissance de son fils Pierre. Il se dénomme Jacques (n°136). Originaire d’Essert, il s’est établi en Pelard où il fait souche. Selon toute vraisemblance, Jacques s’est marié trois fois et eut au moins douze enfants. Son fils Vuille ou Wilhelmus (n°68) est né le 7 octobre 1644 de son union avec une certaine Elizabeth (n°137).
Vuille de Pelard (n° 68) épouse le 1 février 1677 Catherine QUARTENOUD (n° 69) fille de Claudy QUARTENOUD (voir Cahier, n°5, 1997). Le 19 juillet 1691, cette dernière donne naissance à Claude DOUSSE (n° 34).
Claude DOUSSE de Pelard (n° 34) marié le 19 juillet 1691 à Elizabeth KOLLY de Misely ou d’Essert (n° 35) est le père de Anne-Marie DOUSSE (n° 17) épouse d’Antoine BIELMANN de Prilaz (n° 16). Claude DOUSSE décède le 7 juin 1753.

PAPOU

1. Evolution du patronyme
Actuellement, les représentants de cette famille porte le nom de PAPAUX.

2. Liens généalogiques avec Marie Elisabeth BIELMANN
1. Marie Elisabeth BIELMANN [05 juin 1874 - 11 mars 1950]
3. Anne Adèle Delphine BIELMANN [22 avril 1844 - 18 mars 1909]
6. Balthazar BIELMANN de Pelard [04 Janvier 1808 - ? ]
12. Joseph BIELMANN de Pelard [26 juillet 1776 - ? ]
25. Anne GUILLET de Pelard [06 février 1737 - 16 juin 1806]
50. Ulrich GUILLET de Pelard [ ? - 06 juin 1756]
100. Jean GUILLET [1 juin 1654 - 17 novembre 1709]
200. Peter GUILLET
401. Egly PAPAUX x vers 1613 à Jacques GUILLET (n° 400)

3. Filiations

Certes des PAPAUX apparaissent dans les actes après 1476. En 1476, Marmet PAPAUX, fils de Jacquet, et sa femme Johanetta font don de leur biens au fils du châtelain d’Illens. En 1484, Jean PAPAUX reconnaît posséder une montagne. En 1491, leurs Excellences de Fribourg accordent aux PAPAUX de Treyvaux l’autorisation de bâtir une scierie. En 1516, Jean PAPAUX achète des biens en Bottey Derrey. Cependant, en l’absence d’une filiation certaine, il faut attendre 1545 pour reconnaître le plus vieux ancêtre d’Egly PAPAUX [n° 401].

A cette époque, un certain Jean PAPAUX [n° 1604] reconnaît posséder des biens aux villages. Ce personnage est dit metral tout comme son fils Jean [n°802]. Un contrat de mariage daté du 19 février 1613, nous apprend qu’Egly [n° 401] fille de Jean a deux frères Peter et François auxquels elle laisse sa part de l’héritage paternel contre 1000 florins et une vache.

Egly PAPAUX [n° 401] épouse alors Jacques GUILLET dont elle a 12 enfants.

III. Un ancètre à Grandson : Marmet ROULIN

a. L’ancètre de Grandson

Marmet ROULIN [n° 12928] assiste à la bataille de Grandson du 2 mars 1476. Il participe au pillage du camp du Téméraire comme nous l’indique l’inventaire. Un assignal daté du 9 juillet 1457, nous informe de son mariage avec une certaine Perisonna [n° 12929], fille de Rolet DU RUZ [n°25858], et qu’il est le fils de Jean ROULIN [n° 25856 ].

b. Les ROULIN avant Grandson.

Selon les notes de J. Sciboz aux Archives de l’Etat de Fribourg sur les ROULIN de Treyvaux, le plus ancien membre de cette famille connu est un certain Jean, juge à Estavayer en 1333. A Treyvaux, les ROULIN apparaissent en 1413 en la personne de Johannes qui possède des terres aux Lechaires et en "Pela". En fait, notre ancêtre le plus lointain apparaît dans le rôle militaire de la bannière du Bourg de 1440. Il se dénomme Jean et il participe à l’expédition de Zurich. Si nous ignorons son lien de parenté avec Johannes, il ne fait pas de doute par contre qu’il est le père de Marmet [n° 12928].

c. Les ROULIN après Grandson.
1. Marmet [n°sosa 12928]
2. Claude [n°sosa 6464] décède avant 1545. Claude dit fils de Marmet, épouse le 18 février 1490, Agnelette fille de Christou YERLY. En 1490, il participe avec son frère Antoine à l’expédition de Saint Gall et d’Appenzell.
Enfant : Antoine qui suit.
3. Antoine [n°sosa 3232]. Antoine possède une maison au village et il exerce la fonction de metral d’Hauterive.
Enfants : 3 fils dont François qui suit.
4. François [n° sosa 1616]. Il succède à son père dans la fonction de metral d’Hauterive. Enfants : 4 fils dont Marmet qui suit.
5. Marmet [n°sosa 808]. Le 15 juin 1619, Marmet, fils de François et petit-fils d’Antoine, figure sur une reconnaissance pour la maison du village.
Enfants : Hans qui suit ; Jean, auteur de la branche des Roulin des Lechères ; Pierre ; Claude ; Jacques.
6. Hans des Vernes [n°sosa 404]. Le 6 avril 1649, Hans achète une maison aux YERLY. Assisté de son fils Jean/Hans, il acquiert en 1653 une pièce de terre. Il est, semble-t-il, le premier ROULIN établit aux Vernes. Vers 1626, il épouse Marguerite SCHORDERET.
Enfants : Hans/Jean qui suit ; Marguerite née le 14 décembre 1627 ; Barbe née le 20 décembre 1631 ; Pierre né le 18 mai 1638 ; Louis l’aîné, il s’établit aux Vernes Damont ; Anne, née le 25 mai 1641
7. Jean des Vernes [n°sosa 202] A la mort de son père, il obtient les Vernes. Vers 1653, il épouse Marguerite, fille d’Antoine . Enfants : Anne née le 17 février 1654, elle épouse Hans PHILIPONNA de Tsapala ; Barbe née le 3 janvier 1656, elle épouse Jean BREMO ; Marguerite qui suit ; Joseph : 24 mars 1667 / 13 mars 1694 ; Françoise née le 19 janvier 1673, elle épouse Jacques QUARTENOUD d’Hyvena ; Louis le jeune, il épouse Marguerite GUILLET ; Antheine, elle épouse Hans WICHT de Praroman ; Marie, elle épouse Wuille COUCHOUD de la Perousa.
8. Marguerite des Vernes [n°sosa 101] Née le 20 janvier 1663, décédée le 11 juillet 1710, elle épouse le 24 novembre 1689 Jean GUILLET de Pelard [n°sosa 100].

Liens généalogiques avec Marie Elisabeth
1. Marie ELisabeth
3. Anne Adèle Delphine BIELMANN [22 avril 1844 / 18 mars 1909].
6. Balthazar BIELMANN de Pelard [4 janvier 1808 / ? ]. 12. Joseph BIELMANN de Pelard [26 juillet 1776 / ? ].
25. Anne GUILLET de Pelard [6 février 1737 / 16 juin 1806 ].
50. Ulrich GUILLET [ ? - 6 juin 1756 ].
101. Marguerite ROULIN des Vernes

Article publié en janvier 1999 dans les Cahiers du Tds (n°6)


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